Cure de jouvence pour un chemin de randonnée
Cet été, dans le haut de la vallée de la Kander, les randonneurs souffleront en s’informant sur des chutes de pierres et des mines de charbon, assis sur des bancs Lötschberger tout neufs. BLS a en effet restauré le chemin de randonnée entre Frutigen et Kandersteg et l’a rapproché de la voie ferrée. Mais pourquoi une compagnie ferro-viaire entretient-elle ses propres sentiers de randonnée?
Les averses sont faibles et intermittentes. Loin au-dessus de la vallée, les nuages glissent fantomatiquement le long des parois rocheuses, comme pour nous rappeler que le danger guette dans la montagne. Alain Faller et Hanspeter Zürcher se réjouissent de passer une fois de plus leur journée en plein air sur ces hauteurs. Au sein du service forestier de BLS, ils sont chargés de sécuriser les structures rocheuses. Ces 20 dernières années, ils ont revêtu presque toutes les parois rocheuses le long de la voie ferrée de Frutigen à Kandersteg de filets qui protègent la voie des chutes de pierres. Aujourd’hui, il ne s’agit toutefois pas de consolider les flancs de montagne mais de rénover un chemin de randonnée.
Histoires de chutes de pierres et de mines de charbon
BLS a en effet réaménagé le sentier de randonnée ferroviaire entre Frutigen et Kandersteg ce printemps. Elle a modifié son tracé pour le rapprocher de la voie ferrée. Le chemin «Rampe sud du Lötschberg» qui relie Hohtenn à Brigue, devenu un classique parmi les sentiers de randonnée suisses, a servi de modèle pour la réfection. L’automne dernier déjà, Hanspeter et Alain ont construit une aire de grillades avec cabanon en bois et puits près de l’ancienne gare Blausee-Mitholz. Ce printemps, ils ont installé des bancs marqués Lötschberger et planté des piquets en bois sur lesquels sont fixés des panneaux d’information.
Au nombre de 34 le long du chemin, ceux-ci permettent aux randonneurs de découvrir l’histoire de la vallée supérieure de la Kander en quatre langues. Ils évoquent des éboulis, les mines de charbon de la région ou le fait que la ville de Berne soit entrée en possession de Frutigen en 1400. Et ils rappellent les origines de BLS, qui a dynamité la montagne il y a plus d’un siècle pour poser une ligne de chemin de fer ici. Une randonnée ferroviaire guidée permet d’en apprendre davantage à ce sujet (voir encadré).
Une aire de repos signée BLS
Nous suivons les routes de montagne escarpées et garons finalement le minibus au-dessus de Kandergrund sur la voie d’accès d’un chalet. À partir de là, nous suivons le chemin de randonnée. Hanspeter conduit le véhicule à chenilles lourdement chargé sur le sentier naturel. Alain, pelle sur l’épaule, le précède à pied.
Au beau milieu d’une pente raide, les deux collègues installent leur poste de travail. Ils creusent un trou de 50 centimètres de profondeur, y placent le piquet en bois puis y coulent 60 litres de béton qu’Alain a mélangé dans un seau noir. Ils démontent ensuite le banc en place, qui a l’air vieux et usé, et le remplacent par deux panneaux clairs en arolle du Valais. L’inscription Lötschberger est pyrogravée dans le dossier. L’aire de repos façon BLS est prête. Mais comment une entreprise de transport en vient-elle à entretenir ses propres chemins de randonnée?
La randonnée et les transports publics font bon ménage
BLS promeut le trafic touristique dans sa zone d’activité, par exemple dans l’Emmental, le Jura neuchâtelois ou l’Oberland bernois. Cela passe entre autres par l’entretien de sentiers proches des voies ferrées, pour encourager le tourisme de randonnée. Pour BLS, les conditions dans la région du Lötschberg sont idéales, car elle emploie sur les deux versants une poignée de forestiers qui protègent la voie des chutes d’arbres et de pierres.
Hanspeter Zürcher estime que rien que du côté nord, entre Frutigen et Kandersteg, BLS entretient entre 60 et 70 kilomètres de sentiers. Il s’agit de chemins forestiers, mais aussi d’accès aux filets de protection contre les éboulis. Beaucoup ne sont accessibles qu’à pied et constituent donc un terrain de randonnée idéal. BLS souhaite maintenant étendre le succès du chemin de randonnée «Rampe sud du Lötschberg»: outre le rafraîchissement du tracé entre Frutigen et Kandersteg, elle participe à des projets de randonnée au niveau du Simplon et aux alentours de Domodossola.
Les hommes à tout faire
Hanspeter et Alain, les deux spécialistes de la protection contre les éboulis et bâtisseurs de chemins de randonnée, ont hissé le véhicule à chenilles sur la remorque et rangé leurs outils dans le minibus. «On pourrait sous-traiter ce genre de travaux à une entreprise de construction», déclare Alain. «Mais je trouve que c’est bien que BLS les confie à son propre personnel.» Les deux collègues sont si polyvalents qu’on peut les qualifier d’hommes à tout faire, au sens le plus élogieux. «Passer tout son temps au bout d’une corde sur une paroi rocheuse, ce n’est pas drôle. C’est la variété qui est plaisante», explique Hanspeter. Il reprend la route des ruines du Tellenburg, près de Frutigen, où trois autres bancs Lötschberger doivent être installés dans l’après-midi.
Texte: Matthias Abplanalp
Photos: Raul Surace