Domodossola: Quand la piazza se transforme en salon
Ambiance méditerranéenne, décor alpin : chaque samedi, le marché attire de nombreux visiteurs à Domodossola. La Piazza Mercato retentit d’exclamations en suisse allemand, français et italien, on marchande, on négocie… Mais la bourgade sur la liaison entre Brigue et Milan a bien plus à offrir que son marché.
Ville prospère au pied du Monte Rosa
Domodossola est le cœur de toute une région: les Romains avaient déjà baptisé la ville au pied des Alpes Domus Ossulae, demeure des Ossolans. Les agriculteurs des vallées latérales et des Alpes affluent au marché pour y proposer leurs produits. Domodossola est située dans la vallée de la rivière du Toce, à 270 mètres d’altitude à peine, et au pied du massif du Monte Rosa, haut de 4600 mètres.
Dans les ruelles étroites où la vue s’ouvre vers le haut, on voit les hautes montagnes. De nouveaux bed and breakfast ouvrent leurs portes, des magasins changent de mains: aujourd’hui, après leurs études à Milan ou Turin, les jeunes sont plus nombreux à revenir à Domodossola. Le commerce est florissant, la région est riche sur le plan culturel et le lac Majeur n’est pas loin. «Il y a 35 ans, le coin était encore presque somnolent», se souvient Paolo Lampugnani. «À l’époque, j’avais refusé de quitter le lac Majeur pour venir ici. Aujourd’hui, c’est le centre de mon existence.»
Quelques pas suffisent pour passer de l’animation des ruelles de la vieille ville à un calme rafraîchissant: nous franchissons l’élégante arche en pierre noire et blanche et pénétrons dans le Palazzo San Francesco. Ce remarquable bâtiment témoigne d’une longue histoire: construit aux alentours de 1300 en tant qu’église des moines franciscains, il a été transformé en maison de maître par Napoléon au début du XIXe siècle, après l’ouverture de la route du col du Simplon. Aujourd’hui, l’espace du rez-de-chaussée sert de musée d’art moderne. En tant qu’archéologue, Lampugnani, 59 ans, y est très attaché: «Les fresques d’époque du plafond y côtoient des sculptures, tableaux et installations d’artistes contemporains.» Le val d’Ossola compte 22 musées, dont quatre seulement à Domodossola. «Cela montre l’importance des vallées pour nous.» Il y a beaucoup à voir dans la région: d’anciens moulins, des édifices religieux, l’artisanat des alpagistes, le tout au milieu de villages au centre préservé, constitué de maisons traditionnelles en pierre.
Arrivederci galant
De retour au soleil, nous flânons dans les ruelles pavées de pierres, examinons l’intérieur d’une vieille boutique de chapeaux par ici, un magasin d’antiquités par là, observons la fabrication de pâtes fraîches à travers une vitrine un peu plus loin. Notre compagnon nous indique des maisons du Moyen-Âge, nous recommande le meilleur bar et prend congé d’un baisemain. Nous nous asseyons à l’ombre sur la terrasse, commandons un Aperol Spritz et étudions le menu. Nous optons pour de fines tranches de prosciutto de la région avec des antipasti et le pane nero typique au sarrasin, puis des penne à la ricotta et à la menthe. Le soleil parcourt les façades colorées des maisons, derrière les balustres en fonte de son balcon, une vieille dame soigne ses plantes luxuriantes.
Après un espresso, nous partons pour le Mont Sacré Calvario. Des symboles de soleil balisent le sentier qui sort de la ville au pied du mont; en un quart d’heure, nous sommes en bas du chemin de croix. Des oiseaux pépient au milieu des figuiers et des châtaigniers, des lézards filent sur les murs en pierre.
Une petite chapelle nous attend à chaque virage ou presque, jusqu’à ce que nous parvenions aux deux grandes chapelles de la mort de Jésus et de la mise au tombeau: la population voulait retracer le chemin de croix du Christ avec ce sentier de pèlerinage. Les travaux ont débuté en 1656, d’autres bâtiments se sont ensuite ajoutés progressivement. Aujourd’hui, le Monte Calvario et les huit autres monts sacrés d’Italie du Nord sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.
Belles gelati en perspective
Au-delà des peintures murales et du jardin, nous sommes subjugués par la vue sur la bourgade et ses environs. Les églises de la vieille ville, le rectangle du Collegio Rosmini et les rails se détachent de la mer de maisons. Dans le fond, on devine l’endroit où la vallée bifurque vers le Simplon, le passage qui a permis le formidable essor de Domodossola, d’abord grâce à la route du col puis, un siècle plus tard, avec le tunnel ferroviaire ouvert en 1906.
Lorsque nous revenons en ville par la Via Antonio Rosmini, les marchands décrochent les vêtements des auvents de leurs camions à l’aide de longues perches. En une heure, le marché a entièrement disparu. De retour sur la Piazza Mercato, nous avons du mal à en croire nos yeux: l’espace est immense, des enfants passent à vélo devant les belles façades vitrées, ornées de montants de balcons en pierre. L’ambiance n’a rien à voir avec celle du matin, mais n’en est pas moins belle. Il ne nous reste plus qu’à choisir l’un des nombreux cafés et y déguster nos gelati.
Texte: Mia HofmannGare de Domodossola (I)
Descente possible depuis le 8 septembre 1888, en venant de la Suisse depuis 1906; dix possibilités par jour avec BLS, sept le samedi et le dimanche
Régio : Piémont, Italie
Province: Verbano-Cusio-Ossola
Altitude: 270,1 m
Prochaines correspondances: chemin de fer des Centovalli pour Locarno, lignes de bus vers les vallées latérales, itinéraires cyclables, chemins de randonnée
Réseau de nuit: non
Descendre en fauteuil roulant: non
Conseils personnalisés: oui, auprès de l’accompagnateur/trice des voyageurs du RegioExpress Lötschberger